mercredi 10 février 2010

Karimouche - Emballage d'Origine [Critique]


La chanson française va mal, oui très mal. On en peut plus des comédies musicales toutes plus ringardes les unes que les autres. On en a marre des pseudo-chanteurs, et chanteuses à ritournelles s’autoproclamant auteurs-compositeurs-interprètes, et qui n’ont rien de bien original à proposer au public.
Cependant, il arrive parfois que quelques exceptions venant d’on ne sait où, viennent à nous réconcilier avec la Langue de Molière.
Karimouche fait partie de ses artistes qui n’ont pas la prétention de débarquer sur de grands chevaux, et pourtant c’est bien ce qu’on aurait besoin sur nos ondes actuellement pour remettre un peu d’ordre dans ce bordel sans goûts ni saveurs.

Emballage d’Origine est un recueil d’histoires souvent drôles, personnelles et touchantes qui jamais ne tombent dans la niaiserie. Des paroles caustiques qui se marient avec des rythmes parfois modernes ou plus old-school comme sur Firmin, où Karimouche emprunte un parlé/chanté rauque savoureux. Un peu de Brel dans ses influences, oui pour de vrai, pas une énième pâle imitation, ici on parle d’influences…
Mais ce qui frappe dans cet album, c’est la manière dont Karimouche chante, rappe et conte une jeunesse qui se reconnaîtra dans la quasi-totalité de ses textes.
Dans Je Parle Trop (meilleur titre de l’album), Karimouche raconte ce que beaucoup ressentent avec ironie: "Y’a des fois j’arrive à me saouler moi-même". Le tout mêlé à un flow qui rappelle presque K-Mel d’Alliance Ethnik, ou une Diam’s à l’ancienne sur Suzy (pour les puritains) et un rythme funky complètement prenant.
Il en est de même sur Ché pas c’ke J’veux, dont l’orthographe même du titre est emprunté à la jeunesse SMS qui n’a plus vraiment d’envie définie. Un titre ska toujours aussi ironique.
Sur Raggamuffin, Karimouche évoque son parcours tumultueux pour arriver à percer dans la musique. Complètement autobiographique : "J’ai voulu faire un titre chez Virgin, mais j’ai pas assez la ligne". En réalité, pour être signé chez Virgin ou autre major, il aurait été demandé à Karimouche de chanter des chansons d’amour, pop pour petites filles. Et bien heureusement, elle a refusé.
Mais au-delà des titres ironiques et pouvant sonner comme de simples chansons à but humoristique, on y trouve P’tit Kawa et L’emballage d’Origine, qui offrent le regard d’une spectatrice sur le monde, un regard parfois consterné mais toujours perspicace.
L’album se clôt sur Tizen, un titre chanté complètement en arabe, une contine que la grand-mère de Karimouche lui chantait lorsqu’elle était enfant. Un petit peu de douceur pour finir cet album en beauté.

Karimouche s’inscrit donc dans la lignée des Camille et Anaïs. Talentueuse, originale et je-m’en-foutiste, elle offre un premier album intéressant, sans fausse note ni remplissage inutile.
Un véritable coup de cœur à découvrir sur scène à la Boule Noire les 10 et 11 février, ainsi que le 24 mars.
Toutes les dates de sa tournée sont disponibles sur son MySpace

Note globale : 8,2/10
Titres + : Je parle trop ; Ché pas c’ke j’veux ; Raggamuffin



Raggamuffin (Ancienne Version)

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